mercredi 11 juin 2008

Into the wild, part I

Bon… parler malentendus et faits divers, c’est bien, mais c’est pas mal aussi de raconter ce fameux week-end qui a fini de façon aussi grotesque. Parce que c’était de la balle. En bref une randonnée prévue pour trois jours (quatre en fait) dans des montagnes pas très hautes (moins de 2500 mètres), mais c’était une vraie aventure à cause de la végétation autrement plus dense que dans les prairies et forêts de la montagne française.
Tout a commencé à minuit le jeudi soir, quand, affaires prêtes, tout le monde s’est retrouvé au même endroit pour dormir 4 heures avant le grand départ. Voici les aventuriers au réveils, avec les sacs s’il vous plaît (je sais je fais une sale gueule sur la photo, mais j'ai une excuse: je ne suis pas très matinal).
De gauche à droite, deux Gauchos (comprendre non pas ''gauchistes'' ni ''Argentins'' mais: ''habitants du Rio Grande do Sul, Etat le plus au Sud du Brésil''), le premier (Carlos) pouvant se décrire comme un Pierre Verry (un baroudeur sympa de l’X) et le deuxième, Henri, étant celui qui va redescendre le lendemain. Et à droite avec ses faux airs de Tintin, Edson le Jap’ (bien qu’il n’ait pas grand-chose de Japonais). Rappelez-vous que cette photo aurait valu de l’or à notre retour. Dans (ou sur) les sacs, de quoi manger pour plus de trois jours, un miniréchaud à gaz de campeur, 14 litres d’eau, 2 tentes, 3 sacs de couchage, 2 édredons (pour ceux qui auront compté et remarqué qu’en temps normal 4 personnes ne rentrent pas dans 3 sacs), 3 tapis de sols, près de 2 mètres carrés de carton (je n’ai pas trouvé de tapis de sol), et force vêtements chauds. Plus quelques médocs en tous genres.
Donc, départ des quatre aventuriers de Cachoeira Paulista le vendredi à l’aube. Deux petits trajets en bus, arrivée dans la petite ville de Piquete vers huit heures du matin. Là on essaie de trouver des gens qui nous prennent en stop jusqu’au début du trajet, qui est encore à 20 kilomètres. Le chemin est excentré et comme on est beaucoup, c’est pas simple. Finalement le système D à la Brésilienne s’enclenche, l’un d’entre nous revient vers Piquete (entre-temps on avait déjà fait 1 km pour rejoindre le chemin qui va spécifiquement vers le début du parcours) et va trouver le cousin d’un ami (ou un truc comme ça : quelqu’un qu’il connaissait vaguement) qui accepte de nous amener pour 15 reais (6 euros) par personne. C’est pas cher pour 20 kilomètres, étant donné que la route n’est pas super bonne en plus. Ceci dit le chauffeur se régale et fait le fou-fou entre les virages, et de freinage en dérapage on arrive au départ du trajet, qui est un peu comme un gîte d’étape. Là, discussions avec les gens qui sont là, qui nous expliquent un peu la balade, passe le Japonais (ou Brésilien d’origine japonaise) qui a ouvert le chemin là-haut, et qui comme tout vieux montagnard qui se respecte, est toujours à fond pour parler de son milieu naturel. On décide de manger puisqu’entre l’auto stop le trajet et les discussions il se fait onze heures, et qu’on s’est levés tôt.
On part avec un guide, qui va nous escorter jusqu’au pic des Marins (prononcez : Marinnz, pas Marin), et surtout nous attendre dimanche soir à la fin de la balade, pour nous ramener à la gare (routière) la plus proche. J’ai appris plus tard que c’était pas ça qui était convenu, qu’au départ il devait plus ou moins nous aider à un moment dans la traversée (en plus de nous attendre à la fin) et que donc on s’est plus ou moins faits avoir (en tout cas ce qui est sûr c’est qu’on a payé 50 reais chacun, soit 20 euros…).
Bref… la montée ne pose pas vraiment de problèmes. Le chemin n’est pas toujours évident mais le guide le connaît par cœur. Il nous explique, pour la suite du chemin, qu’il ne faut pas faire comme la plupart des gens qui sont des innocents et qui à une bifurcation prennent toujours le chemin qui leur semble le plus facile, alors que ce n’est pas toujours le bon. Une méthode pour ne pas se perdre : chercher les cairns (qui sont quelques pierres empilées par le randonneur altruiste pour indiquer le chemin à ceux qui viendront derrière lui). Et de nous expliquer que c’est infaillible, sauf dans le cas où l’altruiste est surtout un brave couillon et qu’il met des cairns sur le mauvais chemin… Voilà qui nous avance. On arrive en vue de la ligne de crête, où le guide nous dit aimablement au revoir. Il nous reste une heure pour arriver au coucher du soleil en haut du pic. On s’aperçoit que sans le guide ce n’est pas aussi simple ce chemin. En fait il n’y a pas de chemin et c’est plutôt de la roche bien uniformément répartie sur la partie haute. Cette photo, prise le lendemain, l’illustre bien.

Je préfère préciser qu’on est montés par l’autre côté de la montagne (on ne sait jamais ce que les gens peuvent bien imaginer).
On est arrivés juste juste à temps pour le coucher de soleil, et en même temps que la mer de nuages juste en-dessous. Scéance de photos-à-la-con-pour-se-la-péter-un-peu obligatoire. En tout cas les Brésiliens adorent ça, de manière générale on a parfois l'impression qu'ils ont l'appareil photo sous la main en permanence . Encore un héritage de l'immigration japonaise...

Ensuite, il fait noir et il fait froid, on se couvre, on mange et on se couche. Il faut être en forme pour le lever de soleil le lendemain, qui va être de la balle. Fin de l’épisode 1. Que feront nos 4 aventuriers le lendemain ? Auront-ils assez d’eau jusqu’à dimanche soir ? Comment trouver son chemin et passer lorsqu’il n’y a plus de chemin et pas de passage ? Pourquoi les gens font-ils de la montagne alors que c’est beaucoup plus facile de marcher le long du canal du Midi et qu’en plus, ça fait beaucoup moins suer ? Pourquoi l’orangina rouge est-il si méchant ? Toutes ces questions trouveront leurs réponses, et vous saurez en plus qui est Alexandre Grothendieck, comment on cuisine une aubergine et comment on prépare un déglingo.

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