mercredi 11 juin 2008

Une terre d'immigration

On parle beaucoup du « melting-pot » aux Etats-Unis. Mais le Brésil offre lui aussi un savant mélange d’immigrants des quatre coins de la planète.

Comme partout en Amérique, il reste au Brésil des descendants des Amérindiens. Même s’ils sont aujourd’hui marginaux, toujours comme partout en Amérique. Et s’il ne reste des gens s’identifiant comme tels qu’au Nord et au Nord-Est du pays, alors qu’il n’y en a plus là où je vis.
Les premiers migrants de l’ère moderne ont été, bien sûr, les Portugais (on me souffle dans l’oreillette que beaucoup étaient attirés par l’idée de ne plus devoir manger de la morue tous les vendredi. Mais de nombreux autres Européens sont arrivés au 19e et au début du 20e siècle. Contrairement aux Portugais qui étaient des colons et qui se sont installés un peu partout, les immigrants, venus surtout d’Allemagne, d’Autriche ou d’Italie, mais aussi de Pologne ou de France (eh oui, j’en vois qui rigolent, qui se disent qu’ils auraient mieux fait d’aller manger du saucisson dans le Sud-Ouest, mais c’est comme ça) sont surtout installés aux endroits tempérés qui leur rappelaient quand même un peu leurs contrées d’origine. Ils se sont donc installés dans le Sud du pays ou dans les montagnes. Dans des endroits où il y a vraiment un hiver. C’est ainsi qu’il reste aujourd’hui encore des coins où un Allemand se sentirait tout à fait chez lui, et qu’il y a même dans le Sud du pays trois Oktoberfest en même temps. (Pour ceux qui n’ont pas suivi, je ne pourrai pas y aller car l’Oktoberfest est, comme son nom l’indique, en octobre)
Bien sûr O Rei, Pelé pour les intimes, ne ressemblait ni à un Cheyenne ni à un mangeur de choucroute. C’est un Noir, descendant des esclaves qui comme presque partout ailleurs en Amérique, ont été importés d’Afrique. Il en est donc venu un peu partout où il y avait besoin de main d’œuvre gratis pour la cultiver la terre, c’est-à-dire, vu la taille du pays, partout. Même si une fois encore, l’influence de la culture africaine est plus sensible dans le Nord où moins d’Européens sont venus s’installer, que dans le Sud très occidentalisé.
Enfin, au début du 20e siècle ont commencé à venir des Asiatiques. Tout d’abord des Japonais : le Brésil fête cette année les 100 ans de l’immigration japonaise. Un peu comme les Européens, ils ont préféré le Sud, notamment São Paulo. Mais les Chinois, Malais et autres habitants du Sud-Est asiatique ont pris le relai, jusqu’à aujourd’hui. Cela pose paraît-il quelques problèmes de communication lorsque des Chinois ayant appris l’Anglais se présentent pour immigrer à des policiers qui ne parlent que le Portugais…
Bien sûr, tous ces gens se sont largement mélangés (même si parfois les descendants des Allemands préfèrent continuer à manger de la choucroute et à boire de la bière entre eux). On a donc beaucoup de Métis dans toutes les nuances entre le Blanc et le Noir. Et contrairement à ce qu’il se passe aux Etats-Unis, on ne demande pas au gens de définir une appartenance raciale. Donc les gens ne rentrent pas dans des cases, il y a un peu de tout et on peut dire que c’est très bien comme ça.

Même si, pour tempérer un peu le tout, on ne peut pas s’empêcher de constater que le patrimoine et la couleur de la peau ne sont pas vraiment décorrélés au Brésil. Statistiquement il vaut mieux être plutôt blanc que plutôt noir, et cela se voit dans la rue. En général par exemple les sans-abris sont Noirs. Cela se voit aussi dans les séries télé que l'on voit tout le temps. Au Brésil comme aux Etats-Unis, les séries (souvent nulles d'ailleurs, mais ce n'est qu'une appréciation personelle) type Dallas mettent en scène des familles aussi riches que blanches de peau. Ces corrélations entre richesse et couleur de peau donnent naissance parfois à un certain racisme d’autant moins râgoutant qu’il s’accompagne de considérations faisant du plus pauvre un être inférieur (ils sont différents et ils sont pauvres donc ils sont moins bien), dont heureusement je n’ai jamais été témoin, mais dont j’ai déjà entendu parler. Il y a donc depuis peu une discrimination positive en faveur des Noirs défavorisés…

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