mercredi 11 juin 2008

Un autre fait divers...

C'est l'histoire d'un groupe de rendonneurs qui font une belle balade dans la région oú je suis: ils montent au ''pico dos Marins'' (deuxième sommet sur la photo en partant de la gauche) à 4 le vendredi 23 mai. L'un d'eux avait prévu de redescendre le lendemain, les autres de faire une traversée de 30 kilomètres à toute crête jusqu'à l'Itaguaré (celui qui a une belle tête de pic, sur la droite). Il se joignent à deux autres randonneurs pour cette aventure. Ils sont donc 5, quatre Brésiliens et un Français, stagiaire dans la région, à entreprendre la traversée. Détail topographique qui a son importance: d'un côté c'est une large vallée peuplée et de l'autre des montagnes plus basses que celles sur la photo, mais des montagnes quand même.
Maintenant, les faits. Les randonneurs arrivent au sommet de l'Itaguaré dimanche 25 mai en début d'après midi et repartent à 3 heures pour redescendre avant la nuit, qui tombe peu avant 6 heures. Suf que la route qui descend est plus difficile à trouver que prévu, alors même qu'il est hors de question de descendre en-dehors de la piste, car la végétation est à peu près impénétrable. D'autre part les gens qui ont fait l'itinéraire sont joueurs: ils mettent des cairns de temps à atres, mais pas quand il y a une bifurcation entre une fausse piste qui a l'air d'^etre la vraie, et le bon chemin qui est caché par des buissons voire même des rochers (le lecteur qui a suivi l'explication remarquera à juste titre que le rendoneur inniocent ne voit pas là de bifurcation mais juste un seul chemin qui va s'arrêter 200 m plus loin dans une végétation d'une densité sans doute supérieure à celle du plomb). Du coup aller d'un cairn à l'autre n'est pas toujours facile.

résultat: à 5h de l'après midi, nos 5 larrons sont à eu près sûrs de la sortie, mais ils savent qu'ils n'arriveront pas en bas avant la nuit et qu'il n'est pas possible de camper en bordure du chemin dans la forêt. Alors même qu'il y a un endroit spécialement prévu pour camper juste en-dessous de la crête près du pic. Ils ne rentreront donc que le lundi.

ils ont déjà essayé de prévenir quelqu'un de leur retard, mais il n'est pas toujours possible de téléphoner en montagne. Juste avant la nuit le Français a une fausse bonne idée, aller sur la crête qui donne sur la vallée peuplée (alors qu'on était de l'autre côté). De là on peut téléphoner, et c'est ce qu'il fait pour éviter que quiconque s'inquiète d'un retour tardif. Comme il n'utilise pas beaucoup son téléphone ici (question de coût) à part comme réveil, il n'apas de numéros brésiliens et appelle donc vite fait papa maman pour prévenir que tout va bien, dire exactement oú il est, qu'il est retardé dans la montagne parce que la sortie est`pas simple à trouver, et demander de prévenir le tuteur de stage qu'il ne sera pas là demain.

Sauf que, malentendu, la famille inquiète a plus compris ''perdu'' que ''retardé''. Et là tout s'enchaîne, le maître de stage averti se trouvant pour son trvail à Manaus, à quelques milliers de kilomètres du Sud-Est Brésilien, transmet l'info à sa femme. Les secours sont avertis, l'institut public oú le Français effectue son stage aussi. Le consulat de France à São Paulo également, bien sûr. Entre temps certaines informations importantes ont été perdues par téléphone arabe, et le groupe est pratiquement porté disparu.

Puisque c'est un étranger qui a appelé et qu'il travaillait dans un institut public, tout ça intéresse les médias. Pendant que les 5 laissés-pour-morts descendaient tranquillement pour revenir chez eux, ignorants des recherches qui avaient commencé à 30 kilomètres de là, au '' pico dos Marins'' oú ils étaient passés deux jours avant, tout le Brésil apprend la disparition de trois individus, un Français répondant au nom Charles Roger (ouRoge, ou Rouge, selon les versions), un Brésilien nommé carlos Moura, et un troisième encore inconnu.

La suite ne manque pas de sel non plus, puisque les bulletins de nouvelles trouvés sur le Net dans les médias les plus sérieux ressemblent à ceci.

http://g1.globo.com/Noticias/0,,LTM0-5597-11276,00.html
D'autres relatent l'appel désespéré d'un Français, à la fois à sa famille, à un pote à Manaus et à sa femme (celle du français, pas de son ''pote'' (!)).

Je vais essayer de donner mes impressions sur cette histoir un peu plus à froid, parce qu'après un bon week-end, juste un peu plus lomg que prévu, ça fait quand même très bizarre que tout le monde me demande si je suis entier, et de tout raconter (même si ça part d'un bon sentiment) et c'est même un peu énervant quand des journalistes appellent sur mon portable pour essayer de m'interviewer. Tout ça pour un malentendu au sujet d'un coup de fil destiné au départ à tranquiliser tout le monde...

Le truc qui est navrant dans tout cela, c'est que des secours ont été mobilisés pour rien. Dans un autre pays que le Brésil, cela aurait pu avoir un sacré coût.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est de la magie

Les dépêches brésiliennes sont de la magie : le col était difficile, un membre du groupe s'est même désisté devant la difficulté.
Charles Rojel, tu as eu le dernier mot : "Non mais, c'est un affreux malentendu"